Images

Ces illustrations, uniformisées et omniprésentes, forgent sans même qu'on ne s'en rende compte la représentation d'une autre réalité que la nôtre.

Elles ne cherchent pas à représenter le réel mais à le remplacer, à le faire disparaître sous une avalanche de [clichés](/dossier/11609/cliches), ni beaux ni laids, ni vrais ni faux. [réel](/dossier/20025/realite). [Adolf Hitler](/dossier/18695/adolf-hitler) épluchant des pommes de terre vêtu d'une nappe de pique-nique, un vieillard se servant de rouleaux de papier toilette comme de jumelles, un homme endormi sur un gâteau en guise d'oreiller, une femme à moitié nue les yeux bandés tenant une grenade avec une pieuvre dessus, un homme torse nu couvert de tatouages portant des ailes de papillon, un centaure perplexe confronté à sa mauvaise moitié... «Tout est vraiment conçu par et pour internet: les images du site montrent des poses de sitcom ou de des dessins animés colorés, des assiettes de nourriture, des abstractions pesantes, et des chats…», énumère-t-elle. Elles nous rendent complices de leur entreprise d'effacement du Elles nourrissent les films les plus divers, les documentaires à la télévision, les publicités, les magazines, les rapports annuels d'entreprises, les articles “pièges à clics”, les packagings alimentaires, les emballages de produits high-tech, les emails, les mèmes, les cartes de vœux personnalisées, les bâches de chantiers, les flancs des voitures de location…» Aucune des personnes photographiées n'est un véritable employé de call center. Elle a reçu en retour trois pages d'illustrations: il y avait des horloges en quantité, des femmes légèrement vêtues portant des horloges, des personnages de Les banques d'images reformatent tout sur leur passage: les gestes, les attitudes des modèles, les expressions des visages… et propagent une vague d'uniformité qui balaye les spécificités culturelles. Elles recouvrent les murs des villes, des transports, des écrans, des médias. Nous ne les regardons plus, nous y tombons.